Suite…

Conclusion provisoire et suites concrètes possibles…

L’ensemble  de ces objectifs, dans chacun de ces domaines, est-il trop angélique pour être réaliste ? Puisse le sourire ironique qu’il suscite sans doute, ouvrir néanmoins les yeux du cœur et de l’Esprit sur l’horizon visé… Car celui-ci reste peut-être encore accessible, de fil en aiguille, de rencontres en rencontres, « tant qu’un Juste vit encore sur Terre» (André Schwarz-Bart)… Or le monde est encore peuplé par une myriade de Justes ! Les loups ne sont pas majoritaires ! Et le sens de la justice git même, endormi, au fin fond de leur cœur…  Les loups crient juste plus fort que les Justes, terrifiant la masse des indécis… 

Relier les Justes et les chercheurs de justice entre eux, leur permettre d’élever leur voix et de faire résonner leurs échos au-dessus des vociférations haineuses ; concourir à développer une culture du dialogue pour tisser des liens aussi improbables que fertiles (comme par exemple entre la juriste Mireille Delmas-Marty et le poète Patrick Chamoiseau ou le politologue Bertrand Badie et le connaisseur des Chrétiens d’Orient Sébastien de Courtois) formera peut-être petit à petit la toile d’une matrice invisible, porteuse de modèles novateurs… Une toile existant en fait déjà, dont les ROO-Mercier aspire simplement à constituer l’un des noeuds, parmi d’autres centres de rencontre similaires !

Cette toile pourra-t-elle être étoffée à travers la création d’une bibliothèque, dont le noyau se composerait des livres, manifestes ou autres articles des intervenants ? Ce site contient déjà, dans cette perspective des liens vers quelques textes, de quelques intervenants. Mais ce vecteur est insuffisant et appelle des développements concrets actuellement à l’étude, soit :

  • la création de l’embryon de cette bibliothèque, si possible dans l’enceinte même du Château Mercier
  • le lancement d’une bibliothèque participative, réelle et / ou virtuelle, ouverte aux contributions du public des ROO-Mercier
  • des bibliothèques offrant l’occasion de prolonger tout au long de l’année les réflexions initiées par les intervenants, au cours de réunions de lecture et de discussion au sein de cette bibliothèque, d’un blog relié à la bibliothèque participative et / ou des organismes partenaires

Cette culture du dialogue n’est en effet pas réservée à une quelconque élite. Les ROO-Mercier ont au contraire l’ambition de la diffuser dans le grand public. Un pari qu’elles tentent de relever, en oeuvrant, avec l’aide et la coopération de plusieurs établissements scolaires (CO, LCP, LCC, ECCG) et académiques (CIDE-UNIGE, HEP-VS) valaisans, ainsi que d’associations telles que Reconstruire Ensemble et Compostelle-Cordoue (cf p. partenariats) à l’élaboration des outils psychologiques, conceptuels et méthodologiques permettant à tous de voir, comprendre et réaliser les enjeux actuels et de prendre une part active à leur dénouement, aussi heureux que possible.

Car n’est-ce pas davantage faute de disposer de ces outils, qu’en raison de leur volonté, que trop de gens se laissent entraîner par de dangereux courants, auxquels ils le savent pas comment résister ? « Le sentiment d’ignorance, d’impuissance, d’incapacité, est l’une des pires souffrance » (Claire Héber-Suffrin). Un sentiment souvent voilé sous les oripeaux d’une puissance illusoire ou d’un suivisme conformiste… Les écoles (de 7 à 77 ans…, qui pourraient s’inspirer du modèle des “Ecoles du Futur” esquissé par Edgar Morin) ont donc un rôle capital à jouer pour apprendre voir, comprendre et surtout à exprimer sa Parole – le propre de l’être humain – et à la partager, grâce au développement d’une culture du dialogue dans tous les domaines… Cette parole n’est-elle pas au fond le fondement poétique, humaniste, d’une Relation, d’une Cité, d’une Mondialité proprement Humaines ?

Une responsabilité que Mohamed Mahmoud Ould Mohamedou invite en fait tout un chacun à assumer et à mettre en pratique – hic et nunc, individuellement et collectivement, quelle que soit sa position – pour combattre la radicalisation, au lieu de s’abriter derrières des mesures sécuritaires non seulement illusoires, mais accroissant les risques qu’elles visent à contrer…

Voilà pourquoi les ROO-Mercier s’emploient à diffuser des connaissances, la soif d’apprendre, de comprendre, de prendre part – par la Parole, orale ou écrite, par l’écoute ou la lecture, en bref par le dialogue sous toutes ses formes – à l’élaboration d’une intelligence collective, capable d’orienter les mutations actuelles vers les horizons du vivant. Car ce partage, aussi capital que celui du pain, concourant à la reconstruction de la dignité de tout être humain, ne constitue-t-il pas la meilleure manière de combattre la violence, de préserver les êtres humains des risques de l’auto-destruction et de sauvegarder ainsi leur vie sur la Terre ?